Compte rendu mai 1999 en
Sardaigne vu par Pat
Jour J-2, vendredi
21 mai
Le départ de
l'expédition s'annonçait bien, mais de petits couacs allaient commencer à
apparaître. Commençons par le commencement!
A 17h30, Patrick/Pat récupère à l'heure convenue Christophe/Zit (comme quoi
tout peut arriver !) et on passe chez lui prendre ses affaires et le matériel.
Après avoir fait le crochet chez Jean-Marie/Jim qui nous prête son frigo box et
nous offre une bière, on démarrât pour de vrai.
Le premier couac se présente au Luxembourg où après avoir ravitaillé la
voiture, on se ravitaille aussi mais (ça commence!) n'ayant pas eu droit à son
steak haché, Christophe choisit un steak grillé qui arrive avec un petit quart
d'heure de retard et ressemblait plutôt à une semelle (bien plate) grillée
(sans oublier des frites pas cuites!).
Après ce repas succulent, on reprit la route jusqu'aux abords de Strasbourg où
on installe le bivouac pour la nuit dans un "Formule 1".
Jour J-1, samedi
22 mai
Après avoir pris
le petit déjeuner, on se relance sur la route nous menant vers l'Italie. Il est
7 heures du matin, nous avons donc amplement de la marge pour arriver à Gênes,
mais l'accès au tunnel du Gothard nous impose 4 heures d'évolution au pas (pour
faire 22 km) et encore, on aurait été sans doute plus vite à pied. Ce qui nous
permit d'admirer les paysages helvètes avec une multitude de cascades (mauvais
temps et fonte des neiges).
Malgré ce petit désagrément, nous arrivons bien en avance pour embarquer sur le
ferry. Après avoir soupé un excellent "pollo" (C'est du poulet! Le
seul repas que l'on ait pu traduire avec certitude.) , une salade et rien de
plus, autant ne pas manger trop lourd (Mieux vaut éviter les mauvaises surprises
d'un éventuel tangage!); après avoir pris un bon bol d'air sur le pont, nous
allons passer une bonne nuit de sommeil.
Lundi 24 mai : la
première offensive!
Malgré un temps
magnifique, nous nous lançons à l'assaut de Su Palu avec, pour
certains, le regret de devoir se séparer de ce soleil qui nous réchauffe le
corps et le cœur (Non, non, n'ayez pas une petite larme pour moi, je
survivrai !). La grotte,
fermée par une pesante grille munie d'une chaîne cadenassée, débute par un
passage bas qui mène rapidement au premier puits (P25 ?) qui serait plutôt du
style puits incliné et pas trop large d'une vingtaine de mètres où se
rencontrent quelques concrétions, histoire de coincer les kits lors du
retour. Le puits est déjà équipé par une corde que les deux C.A.S. auraient
dû vérifier lors de leur expédition de la veille au soir car elle n'était
plus vraiment bonne à grand chose (Même pas pour faire joli ? Non,
non !). |
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Après un dernier
ressaut, on débouche dans une salle déclive composée d'éboulis que l'on
dégringole (Pas trop vite car ce serait alors la dégringolade au sens propre !)
jusqu'à la rivière. La température ambiante n'a rien à envier aux grottes
belges, on sue (serait-ce de là que vient le nom ? Ma ché si, on su !).
L'arrivée à la rivière que l'on suit en aval, nous rafraîchit un peu.
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En fait de
rafraîchissement, nous n'avons pas encore rencontré le sommet, le must :
"LA VOUTE MOUILLANTE"; fort heureusement, elle ne fait que 5 mètres
de long (Comique, va !) mais elle est malheureusement très mouillante...
Jusqu'au cou seulement. Merci de me faire un croquis pour montrer ce qui
n'est pas mouillé lorsqu'on est couché dans l'eau jusqu'au cou ! |
Pour la suite, il
suffit de suivre les flèches qui nous mènent aux galeries fossiles (il faut
quitter la rivière quelques dizaines de mètres après la voûte mouillante).
Celles-ci font penser à celles du Gournier, très hautes, constituées pour la
plupart du temps de gros blocs et de temps en temps d'endroits plus calmes, on
rencontre également l'un ou l'autre bassin de gours ainsi qu'une grande coulée
(pas blanche) où l'aide d'une corde s'avère utile.
Après une bonne heure d'évolution, on retrouve enfin la rivière par un passage
bas qui semble revenir sous la galerie. On arrive au "White Mare"
avec ses coulées blanches;
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Plus loin, on
entend le grondement de la "Cascata" précédée d'une marmite nous
obligeant à faire le grand écart (Pas évident lorsqu'on n'est pas danseur
étoile!).
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L'équipement se
fait dans l'ordre et la précision, comme toujours avec les Stalacs : re-main
courante sur amarrage naturel, deux spits (côté droit), passage au-dessus de
la rivière. |
Cet endroit de
bivouac est le point de départ de diverses pointes vers les salles terminales.
Le C.A.S. (Cercle des Asthmatiques en Sardaigne) ayant décidé d'économiser ses
forces pour l'activité du lendemain (Activités pédestre et aquatique ainsi
qu'une glacière), terug par le même chemin et donc la voûte mouillante. Ah, si
on pouvait la court-circuiter! Cette petite excursion nous aura tout de même
pris environ huit heures.
Petite fiche
d'équipement :
Puits d'entrée : une corde de 40 mètres (surtout ne pas se fier à la corde en
place!);
Les ressauts dans les blocs : une corde de 5 mètres et une de 8 mètres
(facultative);
La cascade : une corde de 30 mètres (équipement Stalacs);
La vire : une corde de 60 mètres (c'est bien long!).
Petit diaporama
Nous sommes sortis vers 20 heures pour atterrir en pleine "rhumerie"
(Entendez une bonne biture au rhum.) commencée par Dudu et terminée par Dudu.
On apprend, également, que le camp a été assailli par une horde de cochons
sauvages que seul Tobias a réussi à mettre en fuite. Petite ballade GSM pour un
soumis et une fin de journée pour le C.A.S. (Club des Alcooliques du Stalacs)
devant quelques bonnes Leffes.
Mardi 25 mai : Journée flemme Journée de Prospection du massif et
des plages
Après avoir
récupéré de l'activité de la veille, on se lance à la recherche de la grotte de
Su Clovu.
Comment c'est-y
qu'on y arrive ? En sortant de Codula di Luna prendre la S125 vers la gauche
richting Cagliari. Entre les bornes 169,VI et 169,V,
on trouve sur la gauche une route plus ou moins carrossable mais très
caillouteuse ; soit on laisse la voiture à cet embranchement, soit on remonte
la route. Pour notre prospection on abandonne la voiture à l'embranchement et
on se lance à pieds à la recherche de Su Clovu.
Au bout d'un quart d'heure de randonnée pédestre (environ un kilomètre et
demi), on se retrouve face à un nouvel embranchement, il faut prendre celui de
droite. Après encore un quart d'heure de marche, on distingue sur sa gauche une
cabane dans un massif rocheux et plus à droite une sorte de tour rocheuse
composée d'un gros rocher surmonté d'un autre plus petit.
La "route" entre alors dans le massif rocheux. On passe une
"barrière" dont les côtés sont composés de gros blocs; un peu plus
loin à gauche, dans une descente, se trouve sur la gauche un chemin empierré.
En le prenant, on descend au pied du massif rocheux repéré un peu plus tôt; au
pied de ce massif, on se retrouve sur une sorte de replat encombré d'ânes (Pas
nous, des vrais!) , de cochons semi-sauvages (Toujours
pas nous, mais encore des vrais!) ou des chèvres (Ouf! Il n'y a pas de bouc
dans le coin, des fois qu'on voudrait nous y assimiler!) .
L'entrée de la grotte se trouve un petit peu plus haut dans le massif, elle se
présente sous la forme d'une diaclase horizontale permettant le passage en
ramping d'un spéléo.
L'après-midi fut
consacrée à la visite d'une cavité supplémentaire : la grotte-glacière de Cala
Gonone. Cette cavité débute par une large galerie rectiligne, style
"galerie de métro", à trouver dans la falaise le long de la route.
S'ensuit une descente sur éboulis d'environ 200 mètres (Mazette! On est déjà à
près de –200!) qui débouche sur une grande salle
sablonneuse ("La Playa") terminée par un (immense) lac terminal.
Patrick et Dudu, en tant que leaders du C.A.S. (Chasseurs Assoiffés de
Siphons), tentèrent même de franchir le siphon en apnée mais sans succès.
Retour par des galeries adjacentes vers la salle de la double colline (à ne pas
manquer!) et surtout la Glacière de la Gelata où le bivouac fut établi. Dudu a
voulu tenter de passer une étroiture (l'étroiture de la Nissan) qui nécessita
un déséquipement complet!
Mais pour s'équiper, ce fut plus difficile!
Mercredi 26 mai :
Journée de repos (Canyon de Goruppu, 8h de marche)
La journée
s'annonçait bien! Pensez, une activité "cool-relax" organisée par
Dudu, responsable du C.A.S. (Canyoning Amusant et Sportif). Quelques dizaines
de mètres de marche d'approche, une ballade de 2 heures dans une
canyon et puis la sieste.
La réalité oscilla entre l'opération survie et la marche forcée de prisonniers
de guerre (Pour ceux qui ont fait la guerre!). En fait de petite marche
d'approche, il fallut compter 2 heures sous un soleil de plomb, le kit sciant
les épaules. Heureusement, il y avait les encouragements des jeeps de passage :
"Goruppu?" Si, si, mais très loin, très,très
loin!
Après avoir suivi la même piste toujours dans la même direction (Nord!), on passe
quelques cabanes qu'on laisse sur notre droite et on suit la piste qui devient
un chemin. L'arrivée entre les deux canyons (Fluminendu et Onbisi) jusqu'au
confluent est, par contre, impressionnante. Ah, on y arrive, on entend la
rivière!…
En fait de rivière, on débouche sur une mare d'eau croupie, infestée de
serpents.
Le canyon est aussi sec que nos gosiers. Heureusement, un premier cran de
descente de 5 mètres nous oblige à nous mouiller dans une vasque (En fait, la
seule!).
Après quelques dizaines de mètres de ballade, on aborde un cran de descente qui
mène au lac souterrain. Soucieux d'économiser nos efforts en vue de l'apéro
tout proche (Comme c'est beau d'avoir encore tant d'illusions!), on aborde le
lac en hauteur en suivant une vire sur la rive droite, équipée en fixe. C'est
là que notre responsable d'activité décide de créer une nouvelle section aux
Stalacs : le C.A.S. (Canyoning Acharné aux Stalacs)
La suite du canyon est plus classique : gros blocs, petits ressauts dans une
gorge dont les parois atteignent sur la fin 100 à 200 mètres de hauteur
(impressionnant!).
Aaah! La sortie est en vue, il est 17h00 et il nous reste une promenade
digestive jusqu'à la route.
On se dit : "Chouette, la journée est presque finie! (Naïfs !).
Mais c'est maintenant que le plus dur de la journée commence!
Il nous faut trouver le sentier sur la droite (Une heure!), mais surtout il
faut le remonter. L'arrivée du C.A.S. (Crevaison, Anéantissement et Soif)
rappelait assez la retraite de Russie (Pour ceux qui l'on vécue!).
Pendant ces heures de plaisance, le groupe logistique faisait maintes et
maintes fois les cents pas (Et en trois heures, on en fait des séries de cents
pas!) avec une pointe d'inquiétude grandissante, sans oublier que Rita notre
C.A.S. (Cantinière Assermentée des Stalacs) était de plus en plus malade et
grelottait sérieusement sous un soleil radieux. A une demi-heure près, les
Carabinieri étaient prévenus!
Conclusion : une journée cool-relax aux C.A.S. équivaut à 8 heures de marche
intensive, il y a de la démission dans l'air!
Jeudi 27 mai :
Journée de Stratégie
Tout est dans la
stratégie; une fois celle-ci définie, voici le C.A.S. reparti vers non pas une,
mais deux cavités. La visite de Su Clovu s'est faite jusqu'au
premier puits; et question étroitures, elle n'a rien à envier à nos bonnes
grottes belges. A la prochaine excursion sarde, il faudra la faire dans son
intégralité.
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Le contact avec Punta
di Letzo fut plutôt très chaleureux voire cuisant et rugueux voire même
râpant où les salles sont assez vastes et peu concrétionnées (il faut
chercher), nous avons quand même rencontré une petite salamandre. Pour arriver
à Punta di Letzo, il faut démarrer du replat au pied de Su Clovu et se
diriger vers le Nord-Ouest. Au sommet du massif, on y aperçoit deux arbres vers
lesquels il faut se diriger. La grotte se situe au pied d'une barre rocheuse et
quelques dizaines de mètres après le premier arbre.
Retour par Urzulei pour faire le plein de fraîche nourriture (Boîte de sauce,
boîte de viande et spaghetti) pour que Rita, notre C.A.S. (Cuisinière Ambulante
des Stalacs) préférée, nous fasse un de ces fabuleux repas dont elle a le
secret.
Vendredi 28 mai :
Les premiers adieux et le remake de Su Palu
Dudu nous quitte
pour reprendre son avion demain matin à Cagliari. Pendant ce temps, les trois
rescapés repartent pour Su Palu où Hans et Christophe vont chercher les
cordes tandis que Patrick (pas très courageux) s'arrête à la voûte mouillante
pour essayer de trouver le moyen de la court-circuiter car elle n'est vraiment
pas très agréable; mais c'est peine perdue (Bien fait!).
Enfin, c'est l'occasion de faire encore quelques photos.
Un peu de repos bien mérité pour terminer l'après-midi et une petite soirée
gastronomique pour fêter l'anniversaire de Rita. Que dire de ce mémorable
repas?
Dans l'ensemble, ce n'était pas mauvais même si certaines pâtes faisait plutôt penser à des chenille dans de la sauce
tomate. Le problème venait du vin, car il était différent de ceux que nous
avons l'habitude de boire; le vin blanc était rose (…) et le rouge était rouge
(Ouf!). Quant au goût, il était quelque peu vinaigré mais il faisait surtout
penser à un liquide de synthèse qui aurait pu servir de décapant,
d'antirouille, de pesticide, …
Au retour du resto, un italien qui errait dans le camp depuis l'après-midi
attendait toujours ses copains et copines partis en randonnée. Ils sont arrivés
vers 22 heures, puis ils ont attendu d'autres personnes pour faire Su Palu. A
23 heures le reste de la bande est arrivé et en avant sur la grotte. Oui mais,
ils ne sont pas tous partis et d'autres sont encore arrivés. C'était des
retrouvailles, et on discutait , et on riait, et on
chantait, et on …
A chaque fois qu'on entendait : "Buena notte ", on se disait qu'on
allait enfin dormir; mais qui-c'est-qui ne dormait toujours pas à 3 heures (ben
oui, c'est qu'ils sont bruyants ces Sardes!).
Samedi 29 mai :
Le départ
Après nos quelques
courtes heures de sommeil, j'assiste (sans broncher) avec une immense
satisfaction à la razzia effectuée par les cochons sauvages sur la nourriture
des nos Sardes nocturnes et ils n'ont rien laissé. Il faut dire qu'à part
quelques cris d'un gugusse pour les chasser, ils n'ont pas été trop dérangé dans leur festin. Braves petites bêtes!
Vers 10h30, on démarre pour Porto Torres où nous attend le ferry.
Ce soir là, la mer était nettement moins calme qu'à l'aller et le vent était
aussi de la partie mais personne n'a souffert du mal de mer.
En parlant de souffrance, il faut bien évoquer un petit bémol à notre fin de
séjour; Hans, ayant abusé sans doute de ses forces, a agonisé en silence
pendant la traversée (Encore heureux, on manquait de sommeil!) et pendant le
reste du chemin du retour.